Immigration clandestine : l’aventure au prix de la vie

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Vendredi 9 juin 2017. Comme à mon habitude, je parcoure les réseaux sociaux pour voir ce que j’ai manqué. Histoire de me mettre à jour au niveau actualité et affairages. Grande sera ma surprise lorsque j’apprends la mort d’une connaissance : Stéphane Gnago. Un jeune mannequin de talent. J’ai eu très mal et encore plus quand j’ai su le motif de sa mort : immigration clandestine. Et dire que jeudi soir (la veille), je regardais un documentaire sur la RTI relatant la souffrance de ces immigrés clandestins. C’était un signe prémonitoire… Ah la vie !

L’immigration est un sujet d’actualité, qui crée une polémique autour de la responsabilité des autorités gouvernementales des pays touchés par ce phénomène. Tout le monde en parle. Même mon artiste préférée Charlotte Dipanda évoque le sujet dans sa chanson « Massa ».

Selon des chiffres de l’OIM, l’organisme des Nations Unies chargé des migrations, entre le 1er janvier et le 18 juin 2017, 81 292 migrants et réfugiés sont arrivés en Europe par la mer. Le nombre de décès en mer est estimé à 1 985. Les chiffres pour les immigrés ivoiriens sont assez mitigés selon un article sur Radio France internationale. L’OIM avance le chiffre de 12 000 Ivoiriens immigrés clandestins en Libye. Un nombre est difficile à vérifier. Mais sur le site officiel de l’OIM, le chiffre avoisine les 5 657 immigrés Ivoiriens. Alarmant !

Plusieurs chemins mènent à Rome

Pour Beaucoup, ces immigrés qui tentent de rejoindre l’Europe à tout prix sont des inconscients désespérés et qui laissent l’Afrique avec ses multiples opportunités pour aller laisser leur peau dans la mer et leur chair au poisson. Je le disais moi aussi au début. Mais, plusieurs situations m’ont fait relativiser, sur la base de mon expérience personnelle.

À l’époque, lorsque j’ai obtenu mon baccalauréat, et vu la situation (chaotique) qu’offrait le système universitaire ivoirien, je voulais aller en France pour continuer mes études en droit. J’avais opté pour la France car notre système est la copie conforme du système français. C’était donc plus utile pour moi d’aller en France. Cette tentative légale s’est soldée par un échec. Je me suis alors tournée vers une université privée sur place à Abidjan. Après l’obtention du Master à l’UCAO, j’ai retenté l’expérience d’aller faire un doctorat… en France. Je me suis encore heurtée au mur refus, malgré que j’aie fourni tous les documents et tous les justificatifs légaux qu’on m’avait demandés. J’ai donc décidé de laisser la France en paix et de passer à autre chose.

Comme moi, plusieurs personnes ont essayé légalement de rejoindre l’Europe, soit pour des études, soit pour d’autres raisons valables, mais ont essuyé des refus, souvent injustifiés. Alors, ceux qui souhaitent y aller à tout prix utilisent d’autres moyens non-conventionnels pour arriver à leur fin.

Manque d’opportunités en Afrique

Quand des entreprises mentionnent dans leurs offres d’emploi « avoir plus de trois ans ou cinq ans d’expérience » alors que tu viens de finir tes études ; quand, pendant des stages censés être rémunérés, même le transport n’est pas payé ; quand on nous dit qu’il y a des agences chargées de l’emploi pour les jeunes et que ces même jeunes sont encore sans ressources concrètes pour se lancer dans l’entrepreneuriat ; quand les banques refusent de financer les start-up… (je m’arrête là)… Au vu de ce qui précède, peut-on vraiment dire que les jeunes Africains aient vraiment envie de mourir en mer ?

Je ne suis ni une frustrée, ni celle qui encourage des pères et des mères de familles à aller se sacrifier dans ces eaux meurtrières. Mais, avant de blâmer toutes ces personnes qui se lancent dans la poursuite de leurs rêves, en croyant que c’est mieux chez les Blancs, il serait préférable de créer des conditions favorables en mettant en place un sérieux système de prise en charge de projets de jeunes (scolarisés ou déscolarisés), informer les étudiants sur les différents débouchés à la fin des études et possibilités d’emploi dans ces domaines.

À vous mes sœurs, mamans et jeunes frères, je sais que ce n’est pas facile de rester là et ne rien faire, mais ne dit-on pas que tant qu’il y a la vie, il y a de l’espoir ?

En Europe aussi, ce n’est pas sûr que tout soit rose. Alors, au lieu de vous lancer dans une aventure que vous n’êtes même pas sûr de débuter, réfléchissez à un bon projet qui pourra vous occuper sainement. Ça sera peut-être dur, certes, mais à l’impossible nul n’est tenu. Ensemble, nous pouvons créer des opportunités pour la génération future et faire de l’Afrique un continent incontournable.

« Paix aux âmes de toutes les personnes disparues en mer. »

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